Micro-circuit n°4 : De Flône à Richemont par les thiers

Départ devant l’église Saint-Matthieu, dans la cour de l’abbaye de Flône.

Cette ancienne carrière est devenue un lieu d’escalade et de highlining, pratique qui consiste à marcher sur une corde au-dessus du vide. Deux lignes de 100m et 80m sont installées depuis 2020. Ne les cherchez pas, les sangles sont systématiquement enlevées une fois l’activité terminée.

Mais le rocher de Flône est aussi le territoire d'oiseaux superprédateurs. Le Faucon pèlerin et le hibou Grand duc y ont élu domicile. Les replats de ses parois rocheuses constituent un abri contre les intempéries et les menaces venant du sol et des observatoires sur les proies qu'offre la campagne environnante : scarabées, campagnols, corneilles, etc.

On les dit superprédateurs parce qu'ils se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire. Malgré cette "pole-position", ces deux espèces sont en concurrence. Bien que l'une domine l'autre... Les Faucons pèlerins étaient les premiers occupants avant que les Grands ducs ne les chassent en 2021. Le plus grand rapace nocturne au monde (1,5m d'envergure ailes déployées !) pourrait en effet ne faire qu'une bouchée du précédent locataire.

C'est pourtant bien l'Homme qui a provoqué leur quasi-extermination au 20ème siècle. Le Grand duc parce qu'il était en concurrence avec les chasseurs. Le Faucon pèlerin parce que les pesticides ont empoisonné sa chaîne alimentaire. Grâce à des mesures de protection et l'interdiction de pesticides, les espèces ont pu recoloniser le pays.

! Le Rocher de Flône peut être fermé au public en période de nidification du faucon pèlerin et du hibou grand duc. Le rocher est accessible aux grimpeurs uniquement sous l'encadrement du Kim-en Bergsportfederatie.

Remontez la chaussée romaine sur 200m.
Au fond du dépose-minute à droite, un étroit sentier s’enfonce vers le Rocher de Flône.

Revenez sur vos pas et remontez le Thier Poleur qui caracole depuis le pied de la carrière. Allez, courage ! A mi-chemin, une vue s’offre sur la carrière. Mais attention, restez au moins à 5m du précipice : aucune protection n’est présente à cet endroit.

Ce chemin relie depuis au moins 1840 Flône au Thier Philippart. Il était emprunté par des ouvriers qui rejoignaient la Vieille-Montagne, fonderie de zinc active de 1853 à 1980 le long de la chaussée Freddy Terwagne en direction d'Engis.

Au sommet, nous entrons dans le quartier du thier Philippart et passons de Flône à Amay.

Au sommet du thier Poleur, on voit de loin, à gauche, une maison en pierre calcaire isolée dans le bois. Construite aux environs de 1730 d’après son propriétaire actuel, elle est représentée sur une gravure du spadois Remacle Le Loup illustrant Les délices du pays de Liège (1738-1744). C’était, à cette époque, la seule habitation présente sur le coteau. Sur des plans plus récents, elle est appelée ferme Goffart, du nom du propriétaire de l’ancien château Goffart construit en 1905, château qui fait partie aujourd’hui de l’abbaye de Flône. La maison a été agrandie avec des pierres extraites sur place. Aujourd’hui, ce n’est plus une ferme mais une habitation ouverte sur la nature, entourée de ses ruches, de sa serre et de son potager.

Derrière le mur de briques en face du n°54 se trouvait une fontaine d’eau potable qui était utilisée par les riverains. Elle est déjà signalée sur le plan Popp (1858). Elle a fonctionné jusqu’à la fin des années 70.

Ce quartier est plein de ressources.

Poursuivez sur la rue. A droite, on aperçoit des terres rouges, issues de l’exploitation des anciennes alunières.

Empruntez le chemin des baudets.

Nous pénétrons dans le bois, puis nous bifurquons à gauche et arrivons très vite dans un chemin creux bordé sur toute sa longueur d’arbustes à petits fruits : mûres et cynorrhodons. L’occasion de s’attarder… et de profiter du paysage, largement ouvert sur les champs et les bois environnants. Attention toutefois aux baies du sureau hièble, qui ne sont pas comestibles.

« Au bord du champ pousse de la prêle, une plante vieille de 360 millions d’années. Il en existe beaucoup d’espèces. Les 15 espèces connues peuvent servir pour amender les sols, grâce à la silice qu’elles contiennent. Les jardiniers utilisent également la prêle sous forme de purin ou d’activateur de compost et en pulvérisation contre certaines maladies comme l’oïdium et le mildiou. C’est aussi un répulsif contre les limaces et les pucerons. Un vrai couteau suisse végétal ! » (Solange Verdin, guide-nature).

De loin, nous apercevons, au sommet du « mont », la ferme de Richemont. Cette ancienne ferme en carré a une longue histoire. Ce n’est plus une exploitation agricole. Elle appartient aujourd’hui à la Société Dumont-Wautier, mais a d’abord été la propriété de l’abbaye de Flône.

Reconstruite aux 17e et 18e siècles, elle a encore fière allure. C’était une des 3 fermes les plus proches de l’abbaye, avec la ferme de la Kérité - qui a disparu dans un incendie le 13 juin 1999- et la belle ferme de Hottine, située sur la rive droite de la Meuse, face à l’abbaye. Ces fermes sont isolées au milieu de leur terroir créé par défrichement. Le porche monumental de la ferme de Richemont, en calcaire, comporte dans sa partie supérieure, 2 niveaux de 3 petites baies. Peut-être d’anciennes ouvertures de tir. La toiture du porche, toujours présente sur la photo du Patrimoine monumental de la Belgique édité en 1992 (16/1, p. 37), a complètement disparu.

Les portes des anciens bâtiments agricoles, à l’intérieur de la cour, sont peintes en vert. Le vert et le rouge sont les couleurs traditionnelles des boiseries des fermes de Wallonie.

Le chemin bifurque à gauche.

Nous prenons maintenant, à gauche, 250 m après la ferme, le petit sentier qui descend vers le Sart : la rue Bois de Mer. Deux origines possibles pour ce nom de lieu. Mer pourrait venir du germanique meer, lac, marécage, ce qui est possible puisqu’un marais est représenté à proximité sur une carte topographique publiée sous le Régime français. Ce serait donc le bois du marais. Ou, deuxième possibilité, origine peut-être plus récente (?), Le Bois de Mer, écrit parfois Bois le maire est peut-être une allusion au neveu du dernier abbé de Flône, propriétaire de l’abbaye et maire de Flône sous le Régime français.

Ce petit sentier est intéressant à plus d’un titre. Au milieu de la descente, à droite, et un peu en retrait se trouve un chalet du Roi Albert.

« Le Fonds Roi Albert a construit ces chalets après la guerre 14-18 pour reloger des réfugiés sans abri. Ils étaient conçus pour être démontés et remontés ailleurs grâce à la numérotation des grosses poutres en bois de leur structure.

Certains ont été utilisés comme logements sociaux. Ceux qui subsistent ont été détournés de leur fonction première en devenant, par exemple, des abris de jardin.

Celui-ci est encore en assez bon état et a gardé ses couleurs d’origine. C’est une famille de la région liégeoise qui l’a racheté pour en faire un logement de week-end et l’a fait remonter ici » (par Anne Timmermans).

Nous retrouvons l’asphalte. Virons à gauche, dans la rue Le Sart où nous observons, à gauche, une ligne de terrils d’alunières, parallèle à la Meuse.

On tourne à gauche pour grimper le thier Philippart. Au bout, nous retrouvons le mur de briques où se trouvait autrefois une fontaine.

Prenons la rue à droite pour descendre le Thier Poleur. A son pied, descendre encore la « chaussée romaine » pour rejoindre le point de départ.