Fossiles en Ville à Liège : un parcours exceptionnel pour les Journées du Patrimoine 2020

Les pierres de taille autour des portes et fenêtres de la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège sont faites de calcaire montrant d’abondants fossiles. Les coraux en colonie massive (polypiérites polygonaux collés les uns aux autres) appartiennent au genre Hexagonaria. Les coraux en colonie rameuse (polypiérites accolés formants des branches) sont des Thamnopora. Les éléments arrondis avec une structure concentrique en pelure d’oignon sont des stromatopores en boule. Les éléments vermiformes allongés sont des stromatopores tubulaires (Amphipora) percés d’un fin canal axial. La roche formée par l’accumulation de ces petits tubes est communément appelée « spaghetti stone ». Ces coraux et stromatopores témoignent d’un écosystème récifal lorsque Liège était baignée par des eaux tropicales peu profondes.

Age : Frasnien moyen, période dévonienne (378 millions d’années).

Origine : cette pierre lorsqu’elle est polie est désignée par le nom de « Marbre Sainte-Anne » qui fut abondamment exploité dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et dans le Condroz.

Les coraux et stromatopores en boule ne sont pas les seuls éléments fossiles présents en façade de la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie. Les éléments vermiformes allongés sont des stromatopores tubulaires (Amphipora) percés d’un fin canal axial. La roche formée par l’accumulation de ces petits tubes est communément appelée « spaghetti stone » par les anglophones, mais puisqu’il y a un trou au centre, ne devrait-ce pas plutôt être « macaroni stone » ?

Age : Frasnien moyen, période dévonienne (378 millions d’années).

Origine : Cette pierre, lorsqu’elle est polie, est désignée par le nom de « marbre Sainte-Anne » et fut abondamment exploitée dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et dans le Condroz.

Les parapets bordant la bretelle piétonne sont en pierre calcaire, dite « petit granit », composée de fragments de crinoïdes et de coquillages. Dans certains blocs, des formes elliptiques, allongées, peuvent être observées. Il s’agit de coupes longitudinales dans des coquilles de rostroconches, une classe de mollusques connus uniquement à l’état fossile. Ceux-ci sont formés de deux valves soudées entre elles et finissant par un siphon conique. Notez la structure complexe de la coquille formée d’éléments croisés. Ici, la cavité intérieure de la coquille a été remplie de cristaux de calcite lorsque le sédiment s’est induré et s’est transformé en roche calcaire.

Age : Tournaisien supérieur, période carbonifère (350 millions d’années).

Origine : Le « petit granit de l’Ourthe » (qui est un calcaire et non un granite) a été abondamment exploité dans la vallée de l’Ourthe et dans le Condroz.

Les blocs rocheux empilés pour former la rocaille de la glacière, en contre-haut de l’étang de la Boverie sont en grès (sable induré par cimentation). A la surface de certains blocs, des traces allongées peuvent être observés. Il s’agit d’ichnofossile, c’est-à-dire des traces laissées dans le sédiment par des organismes avant son induration. Celles-ci sont des Palaeophycus, des traces peu profondes et allongée, de +/-1 cm de large. Elles ont été laissées par des mollusques à la surface du fond marin. Aujourd’hui ces traces apparaissent en relief parce qu’il s’agit du remplissage par de sédiment venu se déposer au-dessus de la trace en creux (contre-empreinte).

Age : Famennien supérieur, période dévonienne (360 millions d’années).

Origine : les grès famenniens ont été abondamment exploités pour la construction dans la vallée de l’Ourthe et dans le Condroz.

Les marches de l’escalier du musée de la Boverie sont taillées dans la pierre dite « Petit Granit de l’Ourthe » qui contient de belles colonies du corail tabulé Michelinia favosa, ici coupés transversalement et à l’aspect de nid d’abeille. Chaque cellule polygonale était occupée par un polypier. Notez également que le « Petit Granit de l’Ourthe » est un calcaire riche en crinoïdes qui a été abondamment exploité pour la construction dès la seconde moitié du XIXe s. Ici les composants qui ont donné son nom au « Petit Granit » par leur aspect cristallin et brillant sont bien exposés: les entroques de crinoïdes. Ces petits cylindres percés d'un canal central, montrant tantôt une section circulaire, tantôt rectangulaire sont les fragments de tige articulée des crinoïdes, dissociée lors de la mort de l'animal.

Age: Tournaisien inférieur, période carbonifère (348 millions d’années).

Origine: Condroz et vallée de l'Ourthe.

Le musée de la Boverie est montre deux type de pierre : la partie inférieure et les escaliers sont en « Petit Granit de l’Ourthe’ tandis que les murs et les colonnes sont en « Pierre d’Euville », un calcaire beige. Les coquilles de lamellibranches (huîtres, coques, etc.) sont communes dans cette roche mais sont généralement mal préservées. Les coquilles apparaissent en coupe sous forme de demi-cercles.

Age: Oxfordien, période jurassique (160 millions d’années).

Origine: région d’Euville près de Nancy (France). Cette roche calcaire a été occasionnellement utilisée pour la construction à Liège, souvent en association avec le « Petit Granit de l’Ourthe ».

Dans le bouquet d’arbres entourant le buste d’A. Rassenfosse, à l’arrière du musée de la Boverie se trouve une série de blocs de roche brute. A la surface de ses roches sont visibles des branches du corail tabulé Thamnopora (apparaissant en coupe comme des cellules polygonales de 1 mm de large). Sur l’autre face se trouvent des fragments du stromatopore tubulaire Amphipora (apparaissant en coupe comme des structures vermiformes nébuleuses avec un canal central) long de quelques millimètres. Ces fossiles témoignent d’un écosystème récifal lorsque Liège était baignée par des eaux tropicales peu profondes.

Age : Frasnien moyen, période dévonienne (378 millions d’années).

Origine : Condroz, vallée de la Meuse, vallée de l’Ourthe.

Les murs du palais des congrès sont parés de dalles de calcaire gris clair formé de petits éléments millimétriques sphériques appelés oolithes. Certaines dalles (notamment dans l’angle sud du bâtiment) montrent des colonies du corail rugueux Dorlodotia briarti. Les polypiérites (chaque individu) sont tantôt coupés en longueur (sections allongées), soit transversalement (sections rondes). Dans ce cas, les septes (structures radiaires) sont bien visibles, de même que les dissépiments (vésicules) formant un manchon périphérique.

Age: Viséen inférieur, période carbonifère (337 millions d’années).

Origine: Cette roche ornementale est dite « Pierre de Vinalmont » et est exploitée dans la vallée de la Mehaigne au nord de Huy.

Le socle des sculptures bordant le Pont Albert 1er est en « Petit Granit de l’Ourthe », un calcaire riche en crinoïdes et en coraux tabulés appartenant au genre Michelinia, en forme de nid d’abeille. Certaines colonies peuvent atteindre 40 cm de diamètre mais la plupart font moins de 10 cm. Elles sont très abondantes et facile à reconnaître par leur couleur blanche contrastant avec le bleu foncé de la roche. En voyez-vous d’autres ?

Age : Tournaisien supérieur, période carbonifère (350 millions d’années).

Origine : Le « Petit Granit de l’Ourthe » (qui n’est pas un granite mais un calcaire) a été abondamment exploité dans la vallée de l’Ourthe et dans le Condroz et utilisé pour la construction jusqu'au début du XXe siècle. En avez-vous trouvé d'autres exemples à Liège ?

Le parement de la partie inférieure du bâtiment situé à l’angle du quai Marcellis et de la rue des Fories est constitué de plaques d’un calcaire beige contenant de grandes coquilles d’huîtres plates. Celles-ci apparaissent comme des bandes plus sombres, courbées et d’apparence fibreuse. Ces « fibres » sont en réalité les fines couches de coquille que l’huître a produites au cours de sa vie. Observez sur certaines coquilles des trous circulaires de 2-3 mm de diamètre. Il s’agit de trous creusés dans la coquilles par divers organismes (éponges, mollusques, microbes) qui cherchaient à se protéger des prédateurs ou, au contraire, à grignoter la coquille pour se nourrir. Ces trous sont également des « ichnofossiles », des traces de l’activité des organismes fossiles.

Age : Jurassique inférieur (160 millions d’années).

Origine : Côtes calcaires au sud de Nancy en Lorraine.

Le long du chemin de promenade bordant la rive gauche de la Meuse entre le Pont Albert 1er et la passerelle piétonne, les pierres de taille montrent des colonies de coraux rugueux Siphonodendron. Les polypiérites (chaque individu) sont soit coupés en longueur (sections allongées), soit transversalement (sections rondes). Dans les coupes longitudinales, on devine les « planchers » dont la forme rappelle les barreaux d’une échelle. Dans les coupes transversales, on devine les « septes » dont la forme rappelle les rayons d’une roue de vélo avec, au centre, une lame axiale appelée « columelle ».

Age : Viséen moyen, période carbonifère (335 millions d’années).

Origine : Cette roche est dite « pierre de Meuse » et a été abondamment utilisée pour la construction jusqu'au début du XXe siècle, notamment à Liège. Y avez-vous vu d’autres fossiles ?

Nombre de bâtiments datant de la seconde moitié du XIXe siècle et du XXe siècle sont en pierre dite « petit granit de l’Ourthe », un calcaire riche en crinoïdes et en coraux tabulés appartenant au genre Michelinia. Certaines colonies sont coupées transversalement révélant une structure en nid d’abeilles. D’autres, coupées perpendiculairement, montrent leur forme en assiette. L’autre genre de corail tabulé commun dans le « petit granit » est Syringopora. Ses colonies sont composées de petits tubes séparés les uns des autres mais reliés par des structures en pont.

Age : Tournaisien supérieur, période carbonifère (350 millions d’années).

Origine : Le « petit granit » (qui n’est pas un granite mais un calcaire) a été abondamment exploité dans la vallée de l’Ourthe et dans le Condroz.

La façade du bâtiment abritant l’Institut de Zoologie, la Maison de la Science et l’Aquarium Muséum est en pierre dite « Petit Granit de l’Ourthe », un calcaire riche en crinoïdes dans laquelle les brachiopodes ne sont pas rares. Ils sont souvent brisés et apparaissent en coupe comme des arcs de cercle blanc. En voyez-vous? Celui-ci est particulièrement bien dégagé par l'érosion et montre une valve presque complète.

Age : Tournaisien supérieur, période carbonifère (350 millions d’années).

Origine : Le « Petit Granit » (qui n’est pas un granite mais un calcaire) a été abondamment exploité dans la vallée de l’Ourthe et dans le Condroz.

Outre la pierre bleue, les murs de l’Institut de Zoologie contiennent des petits moellons taillés dans une pierre beige, légèrement rubanée. Il s’agit de la « pierre de Gobertange », un calcaire gréseux (contenant des grains de sables) et remplis de terriers d’organismes. Si les organismes fouisseurs n’ont pas pu être fossilisés, ils ont laissé énormément de traces et de terriers dans le sédiment avant qu’il ne s’indure. Ces terriers apparaissent aujourd’hui comme des traces de textures différentes qui traversent les lamines sableuses.

Age : Lutétien, époque éocène (45 millions d’années).

Origine : La « pierre de Gobertange » est un calcaire gréseux exploité dans le Brabant depuis le Moyen-Âge. Son utilisation dans les constructions est fréquente au XIXe siècle.

A l’angle de la rue des Pitteurs et du Quai Van Beneden, les bordures sont taillée dans la pierre dite « Petit Granit du Bocq » qui contient de grands coraux solitaires cylindriques, Siphonophyllia rivagensis, facilement identifiable par leur forme allongée. Et leur septes épais.

Age: Tournaisien supérieur, période Carbonifère (348 millions d’années).

Origine: Le « Petit Granit du Bocq » a été exploité dans de nombreuses carrières du Condroz et de la vallée de l'Ourthe. La plupart des bordures de trottoirs à Liège ont été taillée dans ce calcaire.

Le nouveau bâtiment de l’Institut des langues, à l’arrière de l’Aquarium Muséum est paré de plaques d’un calcaire beige rubané. Il s’agit d’un calcaire grossier riche en fossiles : coraux, gastéropodes, coquilles, etc. Plusieurs types de coraux sont visibles : des colonies cérioïdes (polypiérites polygonaux accolés) d’Actinastraea, des colonies fasciculées (polypiérites cylindriques non accolés) de Stylocoenia et des polypiers solitaires appartenant au genre Stylophyllopsis. De petits gastéropodes sont également abondants.

Age : Bathonien, période jurassique (165 millions d’années).

Origine : Cette pierre marbrière est connue sous l’appellation « Mocca » et est exploité dans la région au nord de Lisbonne au Portugal.

Le nouveau bâtiment de l’Institut des langues, à l’arrière de l’Aquarium-Muséum est paré de plaques d’un calcaire beige rubané. Il s’agit d’un calcaire grossier riche en fossiles dont de nombreuses coquilles de gastéropodes. Celles-ci sont de petite taille (moins d’un centimètre) et appartiennent au genre Pseudomelania.

Age : Bathonien, période jurassique (165 millions d’années).

Origine : Cette pierre marbrière est connue sous l’appellation « Mocca » et est exploitée dans la région au nord de Lisbonne au Portugal.

Les murs de l’ancien Institut de Physiologie sont en « petit granit de l’Ourthe » qui est un calcaire riche en crinoïdes. Ici les coquilles de brachiopodes sont abondantes. Elles apparaissant comme des arcs de cercles, souvent emboîtés.

Age : Tournaisien supérieur, période carbonifère (350 millions d’années).

Origine : Le « petit granit de l’Ourthe » a été abondamment exploité pour la construction dès le XIXe siècle.

La façade du bâtiment situé quai Orban, n° 45, est un bâti en pierre beige. Vue de près, elle semble composée de petits éléments millimétriques vaguement géométriques. Il s’agit de fragments de crinoïdes dont l’accumulation forme la roche appelée « encrinite ». Ces petits cylindres percés d'un canal central, montrant tantôt une section circulaire, tantôt rectangulaire ou en étoile, sont les fragments de la tige articulée des crinoïdes, dissociée lors de la mort de l'animal qu’on appelle « entroques ».

Age : Bajocien inférieur, période jurassique (170 millions d’années).

Origine : Ce calcaire à entroques et dit « Pierre de Pouillenay », extraite en Côte d’Or au nord de Dijon (France).

Le calcaire rubané beige utilisé pour le parement de la Médiacité est composé de petits éléments arrondis ou émoussés et contient quelques rares fossiles. Parmi ceux-ci, de petits gastéropodes à la coquille très allongée, de rares coraux et des morceaux de solénopores, des algues à squelette calcaire. Celles-ci apparaissent comme des nodules ou des fragments sans forme définie, mais montrant une fine structure laminaire. Chaque petite lamine a enregistré un stade de croissance de l’algue. Aujourd’hui les algues calcaires solénopores vivent dans les eaux chaudes des récifs et des lagons tropicaux.

Age : Bathonien, période jurassique (165 millions d’années).

Origine : Cette pierre marbrière est connue sous l’appellation « Mocca » et est exploitée dans la région au nord de Lisbonne au Portugal.