Balade autour des Digues de Laplaigne

Le point de départ de la balade se situe le long de la « Coupure » de Bléharies. Vous y
accédez en empruntant l’ « impasse de l’ancienne sucrerie », puis le chemin sur votre gauche
avant les habitations.
Une coupure, terme picard, est un bras mort d’un fleuve ou d’un cours d’eau ; dans le cas
présent : un bras mort de l’Escaut suite à sa rectification en 1975.
Située en rive droite de l'Escaut, cette coupure se prolonge en France. Elle a une longueur
d’environ 2351 m pour une profondeur moyenne de 1,13 m.
Cette coupure est bien vivante, on y retrouve une belle diversité de plantes et d’animaux.
Citons par exemple l’Herbe aux grenouilles, le Martin-pêcheur ou encore le Brochet.

Longez la coupure et descendez au niveau du deuxième ponton de pêche. Sur votre droite,
vous pouvez observer l’ancien quai de la sucrerie. Cette ancienne sucrerie, dont seul le
bâtiment administratif est toujours sur pied, a fonctionné de 1862 à 1885. Celle-ci a
rapidement fait faillite à cause des inondations répétées.

Continuez votre promenade en longeant la coupure. Vous êtes alors sur le « chemin de
halage », autrefois utilisé par des « haleurs » qui tiraient les péniches. Ces dernières étaient
tractées à la force des bras ou à l’aide d’animaux (vaches ou chevaux).

En continuant à longer la coupure, vous pouvez observer toute une végétation entre le chemin de halage et l'eau.

Cet ensemble végétal s'appelle la "ripisylve". Du latin ripa, "rive" et sulva, "forêt", la ripisylve est une formation boisée, buissonnante des berges des cours d'eau. La ripisylve est principalement composée d'essences telle que les Saules, Aulnes, Frênes en bordure, Érable et Ormes en hauteur, Chênes pédonculés et Charmes sur le haut des berges.

La ripisylve permet une stabilisation des berges grâce au système racinaire des arbres, elle régule les crues, offre un effet brise vent, structure le paysage, régule la température grâce à l'ombrage, épure naturellement les cours d'eau et offre des zones d'habitat et de refuge pour la faune.

Continuez en empruntant le chemin surélevé sur votre gauche. Vous êtes sur la Digue du Près de Cour, la plus ancienne digue de Laplaigne.

Il est maintenant temps d'en apprendre un peu plus sur ces digues.

Ces constructions en pierres sèches servaient à protéger le village des inondations répétées. Ces digues ont été la source de nombreux conflits entre les habitants de Laplaigne et de Mortagne.

Les Français, estimant que les inondations chez eux étaient liées aux digues de Laplaigne, ont entrepris de nombreuses expéditions nocturnes visant à démolir ces digues.

La Digue continue en bifurquant à gauche, vous êtes alors sur la "Grande Digue", qui date du 19ème siècle.

Vous pouvez remarquer une ancienne drève sur votre droite, de l'autre côté de la route. Elle serait liée à un ancien château. Pour la rejoindre, prenez la rue du Village sur votre droite. Attention à la traversée !

Ce château aurait été construit par Hellin de Sin en 1242 et détruit en 1300.
Cependant, les ruines ont demeuré jusqu'au 16ème siècle.

Les pierres du château auraient servi pour la construction des digues.

Rejoignez la route, traversez-la et longez-la sur plus ou moins 100m vers la droite. Empruntez ensuite la drève qui se trouve sur votre gauche.

En empruntant l'anciennes drève du château, vous pouvez observer, sur votre droite, un bel alignement de Saules têtards. Les Saules têtards ont frappé l'imagination populaire.
En effet, la taille "en têtard" donne aux arbres une forme étrange : un tronc trapu, une ou plusieurs grosses têtes boursouflées et hérissées de perches qui donnent à l'arbre un air ébouriffé, des cavités profondes dans le tronc.
Plus les arbres vieillissent, plus ces caractéristiques se développent.

Les Saules têtards sont les reliques et les derniers témoins d'une certaine conception agricole. A une époque pas très éloignée, les Saules avaient une grande importance pour le paysan.
Les branches étaient utilisées comme bois de chauffage, l'osier pour la vannerie. Ils servaient pour la délimitation des parcelles et de repères, offraient de l'ombrage aux bêtes et asséchaient les sols.

Le "têtard" est un hôtel 4 étoiles pour la faune de nos régions : les coupes régulières de celui-ci après cicatrisation créent des cavités qui offrent gite et couvert pour la chouette chevêche ou encore les chauve-souris.
D'autres arbres peuvent être têtards comme le frêne ou encore le charme.

Juste après l'alignement de Saules têtards, sur votre gauche, vous pouvez observer une belle prairie. Vous remarquerez que cette prairie est traversée par des fossés. Cette technique ancestrale permettait de cultiver des terres marécageuses.

Il est très rare de pouvoir encore observer ce type de prairie dans nos régions.

Au bout de la drève, tournez à gauche. Arrivés à la Chapelle située en face du n°18, en regardant sur votre droite, vous pouvez observer un alignement d'arbres au bout du champ. C'est également un tronçon de Digue qui fait encore aujourd'hui office de frontière physique entre la France et la Belgique.

Ici aussi, cette digue transfrontalière fut le témoin de nombreux conflits entre les habitants de Mortagne et de Laplaigne. Il était régulier que les Digues soient volontairement saccagées en cas de besoin, l'ensemble des villageois venaient avec de la paille ou encore des fascines pour constituer un barrage évitant de terribles inondations.

Tournez à gauche en empruntant la rue du Four à Coqs, un des plus anciens hameaux de Laplaigne, comme en témoigne la pierre sur la façade de la maison n°4.
Au bout de la rue, traversez le carrefour et engagez-vous dans la rue de l'Ancienne Place.

Tournez à gauche et empruntez la rue de l’ancienne place. Au fond de la rue, sur votre
gauche, vous pouvez observer l’ancienne cure de l’église. Les murs d’enceinte délimitaient
l’ancien cimetière. A cet endroit, et comme le nom de la rue vous l’indique, vous êtes donc
au cœur de l’ancien centre du village de Laplaigne.

Afin de comprendre pourquoi le cœur du village a été déplacé, voici un récit issu de la Feuille
de Tournai en 1857: « Dans l’église, l’eau vint battre jusqu’au niveau de la dernière marche
de l’autel. En hiver, et avant la construction de la digue, chaque maison devenait une île, ses
habitants eussent été condamnés à un isolement complet sans la précaution qu’ils avaient
d’être munis de barques pour aller d’un lieu à un autre. C’est par ce moyen qu’ils se rendaient à l’église et assistaient à la messe. La réunion de toutes ces barques placées bord à bord, sous les voûtes de cette sombre et vieille église, devait offrir le plus singulier tableau qui se puisse voir. Lors de notre visite en ce lieu, nous avons pu constater encore les traces laissées par l’eau sur les murs et les piliers. »

Au bout de la rue, vous pouvez observer les anciens marais, aujourd’hui cultivés.
Imaginez-vous un instant vivre avec ces marais…
Vous auriez pu y faire du patin à glace durant toute la période hivernale.
Les foins se négociaient à la bougie : Autour d’une table, les acheteurs étaient assis autour
d’une bougie. Les enchères pouvaient alors débuter...Lorsque la bougie s’éteignait, le dernier
à avoir surenchéri pouvait disposer du foin.

Le village de Laplaigne a connu son heure de gloire au travers de l’élevage de canards. Les
canards suivaient l’éleveur qui tapaient des pieds dans le sol gorgé d’eau afin d’en faire
remonter les vers, dont les canards se nourrissaient.
Faites demi-tour et reprenez la rue de l’ancienne place en partant vers la gauche.

Au bout de la rue, tournez à gauche rue de Sin, jusqu’au carrefour. Tournez ensuite une nouvelle
fois à gauche en empruntant le Chemin du Flux. 200 m plus loin, vous passez sur le pont qui enjambe la
« Grande Ruisselle », appelée aussi « Grande Richelle » en picard.
Le terme « Richelle » désigne un cours d’eau, fossé non naturel ou un cours d’eau fortement modifié.
L’appellation de "Grande Ruisselle" s’applique aujourd’hui en réalité à deux cours d’eau distincts :
D’une part, un ruisseau qui semble prendre sa source à l’extrémité Sud du village de Laplaigne, mais qui
en réalité, vient de France, du hameau de Roeux, dépendant de Flines-lez-Mortagne. Ce cours d'eau
s’écoule ensuite vers le nord, parallèlement à l’Escaut, et se jette, pour sa branche gauche, dans la
"Coupure d’ Hollain" et pour sa branche droite, dans le canal Nimy-Blaton-Péronnes.
D’autre part, sa continuation, au-delà du canal Nimy-Blaton-Péronnes et du Petit large de Péronnes, qui
s’écoule également parallèlement au fleuve et débouche actuellement dans l’Escaut au Sud d’Antoing,
à proximité de la ligne TGV.
Continuez encore et prenez l’Impasse de l’ancienne sucrerie sur votre gauche pour retourner au point de départ.