Au gré des mardelles

Mortinsart est un village-rue typiquement lorrain : les maisons traditionnelles sont mitoyennes, alignées et à bonne distance de la rue. L'espace libre devant les habitations, appelé usoir, servait à entreposer charroi agricole, fumier et tas de bois. Au carrefour central, observez aussi l'abreuvoir pour les troupeaux, ainsi que l'antique poteau indicateur en fonte. Les façades, enduites à la chaux, restent dans des tons blancs ou crème.

Au fil des siècles, les pluies ont creusé dans nos terres marneuses des centaines de dépressions circulaires de quelques dizaines de mètres de diamètre, souvent au sommet des collines. En s'infiltrant dans le sol, l'eau de ruissellement a percolé, elle a entraîné le calcaire et les argiles ont colmaté le fond, créant ainsi ces mardelles, une curiosité géologique propre à la zone marneuse de la Lorraine. Les mardelles sont devenues de précieuses oasis pour la flore et la faune des zones humides. Hélas, dans les pâtures, beaucoup sont menacées par le piétinement du bétail, les épandages d'engrais ou les déversements de décombres.

Cette belle mardelle au bord du chemin, sous eau à peu près toute l'année, héberge grenouilles, tritons et insectes aquatiques, parmi une végétation de massettes et de saules. Relai de la biodiversité, étape nourricière pour la faune et la flore, elle contribue au maintien du fragile équilibre écologique : veillons à sa protection.

Au nord, le regard plonge vers la vallée de la Rulles et se heurte au front de la sombre Ardenne; au sud, le paysage s'ouvre en pente douce vers les calmes ondulations de la Gaume. La cuesta bajocienne, sur laquelle court la frontière avec la France, ceinture l'horizon.

Mortinsart est le village natal d'un écrivain régional très apprécié : Jean Mergeai (1927-2006).
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