Au fil de la Meuse, à Yvoir...

La maison communale d'Yvoir occupe l'ancienne ferme féodale du village.
La prospérité ancienne de Yvoir est étroitement liée à son passé industriel. Jusqu’au début du 19ème siècle, la vallée du Bocq est en effet l’un des grands centres sidérurgiques wallons. La région dispose de tous les ingrédients nécessaires à la métallurgie ancienne: le minerais de fer accessible en sous-sol, les bois permettant la fabrication du charbon de bois indispensable à la réduction du fer, l’énergie hydraulique pour actionner les outils permettant le façonnage du fer (marteau, fenderie, etc.).
Dès le 16ème siècle, on assiste au développement de l’industrie du fer autour d’Yvoir. Les propriétaires de forges -appelés ici aussi «maîtres de forge»- achètent ou font construire les plus belles demeures de la région. Plusieurs familles de maîtres de forge sont propriétaires da la ferme féodale d’Yvoir entre le 17ème et la fin du 19ème siècle. Au terme d’un épisode «religieux» (avec les soeurs du Cénacle puis les Pères de Scheut), la ferme sera finalement rachetée par la Commune et transformée en Maison Communale.
Quitter le centre d’Yvoir en traversant le pont sur le Bocq d’où l’on bénéficie d’une belle vue sur la partie la plus ancienne de la Maison Communale. Il s’agit du bâtiment en pierre et à trois niveaux sous toitures. A l’origine, au 16ème siècle, il s’agissait sans doute d’une tour d’habitation, en bord de rivière. C’est autour de ce premier noyau que les autres bâtiments de la ferme se sont développés au cours des siècles suivants.
Se diriger vers le petit parc qui fait face à la place de la maison communale. Traverser prudemment l'avenue de Lhonneux.

Au coeur du parc, on pourra admirer un bel exemplaire de Maka ou Marteau de forge ancienne. Ce maka provient de la vallée de la Molignée mais il est en tout point semblable aux marteaux qui faisaient vibrer la vallée du Bocq au 18ème siècle encore.
Traverser le parc en se dirigeant le long du Bocq jusqu'au un po piétonnier permettant de passer sur la rive gauche de la rivière. Prendre à droite et passer sous le pont du chemin de fer. Suivre le chemin piéton macadamisé qui regagne la route régionale. La traverser TRES prudemment (absence de passage pour piétons). A votre droite, l'embouchure du Bocq dans la Meuse. Suivre le trottoir vers la gauche, en direction de la gare et du bac conduisant à l'île d'Yvoir.

Après quelques centaines de mètres, à votre gauche, la Gare d'Yvoir et, à votre droite, le passage d'eau vers l'île.
« L’île d’Yvoir, aménagée en site touristique dès 1920, comprend une brasserie-restaurant, des jeux d’enfants, un port de plaisance et des petites promenades ; on y accède par un petit bac traversant la Meuse. Il s’agirait de l’unique île belge habitée.» (Jean Germain, Yvoir, Carnet du Patrimoine.)
Poursuivre le long du fleuve en direction du pont d'Anhée.

Entre l'île et le nouveau pont, un modeste monument aux Chasseurs Ardennais commémore les combats du 12 mai 1940. En ce beau dimanche de Pentecôte, les troupes allemandes qui ont franchi la frontière le 10 mai sont déjà sur la Meuse. Ce sont des troupes françaises et quelques détachements de chasseurs ardennais qui défendent le fleuve et ce sont les troupes du Génie belges qui doivent détruire les ponts. Ce modeste monument rappelle les combats livrés par quelques chasseurs ardennais pour empêcher le pont de tomber intact entre les mains allemandes.

Construction de génie civile typique des années 70', le pont moderne qui relie Yvoir à Anhée et ses rampes d'accès sophistiquées illustrent bien l'esprit d'une époque d'abondance... Il n'empêche, l'ouvrage garde une certaine majesté et les promeneurs s'y arrêtent souvent pour contempler la Meuse et ses "skieurs nautiques"... Face au pont, sur la rive gauche, se devine l'échancrure de la très belle vallée de la Molignée avec ses anciennes forges et les vestiges de l'Abbaye de Moulins. Sur le rond-point du pont, côté Anhée, la draisine rappelle cette très populaire attraction de la Molignée...
Au rond-point, tourner à droite et gagner dès que possible le chemin de halage qui suit la rive gauche de la Meuse.

Juste avant de descendre vers le chemin de halage, remarquer, à gauche de la route régionale, le monument semi-circulaire à la mémoire du lieutenant De Wispelaere. Ce même 12 mai 1940, ce jeune lieutenant du Génie belge est responsable de la destruction du pont d'Anhée. Les allemands ont surpris tout le monde par la rapidité de leur percée au travers des Ardennes. Les premiers blindés sont sur la rive droite et le pont n'est pas encore détruit. Le système électrique de mise à feu ne fonctionne pas. De Wispelaere, au prix de sa vie, procède à la mise à feu manuelle. Le pont sera détruit, retardant, pour quelques heures seulement, le passage des Allemands sur la rive gauche du fleuve.
Après ce devoir de mémoire, suivre le chemin de halage vers l'écluse-pont-barrage de Hun-Fidevoye.

Suivre les indications vous permettant de franchir l'écluse puis le pont-barrage pour regagner la rive droite.

Face à vous, sur la rive droite, les magnifiques rochers de Fidevoye. Ces impressionnantes plaques calcaires se dressent presque à la verticale vers le ciel. Ces rochers sont loués par le Club Alpin flamand et constituent l'un des hauts-lieux de l'alpinisme mosan. Vers la gauche, on distingue la Croix d'Al Fau: "la Croix du Hêtre". Pour ceux que les sentiers pentus n'effraient pas, un superbe tracé permet, à partir du pied des rochers, de gagner par la Croix d'Al Fau, le quartier éponyme de Godinne, le Collège Saint-Paul et le centre de Godinne.
Sur la rive droite, suivre le trottoir qui longe le fleuve, vers la droite et regagner ainsi Yvoir. Au passage, sur votre gauche, admirer quelques exemplaires typiques des villas mosanes du début du 20e siècle.

Poursuivre le long de la route régionale jusqu'au quartier moderne de Sur Champt. Traverser prudemment la chaussée et regagner la place des Combattants en passant sous le chemin de fer.

Longer la place par le trottoir de gauche et se diriger, vers la droite, sur la rue Colonel Tachet des Combes. A l'entrée de la rue, sur la gauche, admirer le beau "Château de Bouvignes". C'est "une ancienne maison de maître de forges réaménagée par Charles de Moreau en 1751, comme le rappellent les ancres en façade, au départ d’une tour carrée à fonction défensive, avec dernier niveau élevé en briques en légère retraite sur chanfrein, englobée dans un édifice de type traditionnel remontant probablement au XVIIe siècle." (J.Germain).
Un peu plus loin, sur la droite, voici l'église d'Yvoir. "Tout aussi modeste, l’église Saint-Éloi (...), édifice de style classique bâti en 1761-1763 à l’initiative du curé Jacques Misson, occupe le centre de la localité sur l’emplacement d’une première chapelle datant du XVIe siècle (jusqu’alors les paroissiens d’Yvoir devaient se rendre à Senenne pour y entendre les offices)." (J.Germain).
Et nous voici déjà de retour à notre point de départ: la Maison Communale d'Yvoir...